Englués dans nos conventions, moulés dans nos étroitesses d’esprit, modelés par nos réflexes conditionnés, nous peinons à comprendre que l’essentiel de la vie réside dans des choses aussi simples et vivifiantes que l’amour, la musique, la littérature, la poésie, les sourires prodigués, les échanges d’émotions, la liberté… La primordialité du travail et de l’argent, imposés comme socle social, avec leur cortège de règles non consenties, de morale débilitante forgée sur la foi non moins déprimante en la loi du marché, tout cela ne fait que nous dévier de ce qui pourrait prédominer dans nos vies pour les rendre exaltantes. La majeure partie de nos activités n’est en réalité qu’une désolante perte de temps qui nous ravit notre droit à vivre, à aimer, à réfléchir, à nous extasier et à jouir des heures qui nous sont inexorablement comptées. Certains sont nés avec suffisamment de vent dans la tête pour être en mesure d’inventer leur vie conformément à leurs rêves. D’autres mettent des années pour parvenir à la lucidité. Mais nombreux sont ceux qui ne l’entreverront même jamais. Ceux-là, dont les pâles désirs sont déjà, dès leur jeunesse, ceux qu’ils nourriront vieillards, ressemblent au désastre de leur existence.
.../... vous avez certainement raison mais que faire en ce monde sans travail et sans argent ? ne pas travailler, revient à n'avoir aucune référence sociale; c'est un facteur d'isolement, d'empêchement, de contrainte, et ne permet pas d'explorer, d'être à l'écoute de ce vent dans la tête, n'est-ce pas ?
RépondreSupprimerCe n'est pas le travail en tant que tel que je remets en cause, puisque j'ai évidemment conscience que celui-ci est nécessaire pour faire fonctionner une société et, à titre individuel, pour gagner de l'argent. Je suis également tout à fait conscient du fait que le travail est créateur de lien social et que celui qui vient à en être privé se trouve également privé de ce lien. Ce que je remets en cause, en revanche, c'est le caractère débilitant du travail tel qu'il est organisé dans nos sociétés modernes, où l'on a perdu de vue l'aspect d'apport individuel pouvant être considéré comme normal pour faire fonctionner le collectif. Je pense qu'on a perdu de vue cet aspect fondamental parce qu'on ne travaille plus que pour l'argent : celui qu'on gagne par son labeur et celui qu'on fait gagner à ceux qui nous font travailler. Ainsi, dans nos entreprises, (comme aussi dans les administrations), le travail n'est plus organisé en fonction de la recherche de bénéfices humains, mais bien en fonction de la recherche de bénéfices purement économiques. Le maître-mot est devenu rentabilité. Le bien-être au travail, le développement personnel, la sensation de participer à une œuvre, le plaisir de créer un objet ou d'apporter un service, tout cela disparait peu à peu pour être remplacé par la peur : peur de ne pas y arriver, peur de perdre son travail, peur de n'être plus rien puisque le travail est au cœur des valeurs. Et c'est bien cela que je déplore.
RépondreSupprimer