Fadela Amara, secrétaire d’état à la politique de la ville, a tenu, le 23 avril dernier sur France Inter, des propos très durs envers les femmes qui portent la burqa : « Vous ne verrez jamais ces femmes devenir pilote d’avion, ni institutrice, ni médecin, ni rien… ».
Peut-être, effectivement, est-il difficile d’envisager d’embrasser ce genre de profession lorsqu’on porte une burqa. Soit. Mais il s’agit quand même d’un raccourci intellectuel facile. Ainsi je ne vois pas en quoi le fait de porter une burqa serait un obstacle aux métiers (pour rester dans les professions un peu chics…) d’écrivain, de peintre, de compositeur, d’auteur dramatique, etc.
En réalité, ce qui me gène le plus dans cette phrase de Fadela Amara, et qui m’horrifie, c’est la fin : «… ni rien… ». A l’heure où les éléments de langage ont une importance croissante et où les mots prononcés par les politiques sont donc très choisis, j’estime que cette phrase est réellement effrayante. Elle signifie que le fait de porter une burqa anéantit la personne humaine (puisqu’elle ne peut être autre chose que « rien »), enlève à la femme son humanité et annihile l’univers qu’elle porte en elle, ses sentiments, ses rêves…
Elle signifie également qu’on ne peut définir un individu que par son métier. « Tu n’as pas de métier, donc tu n’es rien ! » Merci madame le ministre d’avoir été aussi claire. Les sans-travail savent désormais à quoi s’en tenir : à vos yeux, ils ne sont rien.
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