mercredi 18 novembre 2009

Escales hivernales

Je serai, les 12 et 13 décembre prochains, à la 4e fête du livre de Lille « Escales hivernales ». Ça se passera au Tripostal, avenue Willy Brandt à Lille, à partir de 13 heures. Au programme : expositions, slam session, grande librairie et dédicaces, cafés littéraires, ateliers d’écriture, lectures spectacles, tables rondes et débats et espace littérature jeunesse. Pour tous les goûts, donc.

En ce qui me concerne, je participerai samedi 12, à 14 heures, à un café littéraire « L’heure du polar ». J’y répondrai, en compagnie d’autres auteurs, aux questions de Philippe Lefait (Des mots de minuit, France 2) et de Minh Tran Huy (Rédactrice en chef du Magazine Littéraire). Le même jour, à partir de 15 h 45, séance de dédicaces. Dimanche 13, à 16 h 30, je participerai à une scène ouverte aux éditeurs de la région, « C’est édité près de chez vous ». L’occasion pour les éditeurs du secteur de présenter leurs auteurs.

Le programme complet est téléchargeable ici.

Venez nombreux !

lundi 16 novembre 2009

Emily Loizeau, l'alchimiste

L’autre bout du monde… Le 13 novembre, en soirée, c’était au Splendid de Lille. Un lieu transformé pour l’occasion en Pays sauvage, un lieu comme un étrange au-delà, un nid féerique pour Emily Loizeau et ses musiciens. Le concert fut magique : puissance et fragilité, douceur et rythmes envoûtants, poésie tendre et humour… un superbe et incroyable mélange. Difficile de décrire avec des mots ce qui ne peut être qu’expérimenté, ce qui ne peut être qu’écouté et goûté en direct. En réalité, désolé pour vous, il fallait y être, se laisser envouter par la voix. Je ne parlerai pas de talent, le mot est usé et faible. La vérité, c’est qu’Emily Loizeau est une alchimiste : elle transmue en or les limailles de fer glanées ci et là dans l’existence. Une chose m’est aujourd’hui évidente : il y a quelque chose qui ressemble à de la tristesse à m’apercevoir que certains ne la connaissent pas, passant ainsi à côté de l’essentiel : l’émotion pure. Moi, je sais que ce soir du 13 novembre, j’ai frôlé un duvet d’ange. J’en ai gardé un peu, rien que pour moi, pour qu’il m’accompagne là où tout peut faire mal, de ce côté-ci du monde. Comme une consolation face à tout ce qui nous lamine, jour après jour.

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vendredi 13 novembre 2009

Portrait en noir et blanc d’Angéla Küber

Parfois, je sors du placard les boîtes en carton où j’ai rangé mes photos, ces ersatz figés et glacés de ma mémoire défaillante. En observant les sourires, les silhouettes et les regards du passé, j’essaie de faire réapparaître dans mon cerveau les voix et les rires. C’est difficile. Souvent, je n’y parviens pas. Les visages en deux dimensions, immobiles, restent muets.


Ce soir, comme chaque fois que je visite mes boîtes à photos, je reviens sur ce portrait en noir et blanc d’Angéla Küber. Elle avait trente ans, sur le cliché. Ses yeux et ses cheveux très noirs contrastaient avec la douceur de ses traits. Jamais, depuis, je n’ai rencontré un tel visage, aussi beau qu’étrange, teinté à la fois de joie et de mélancolie.

Elle avait écrit, au dos de la photographie, ces quelques mots : " j’aime en toi ta part d’ombre, ton mystère ". Mais c’est bien elle qui fut un mystère. Et qui le demeure, encore aujourd’hui. Moi, je ne crois pas avoir jamais été mystérieux. Taciturne, peut-être, discret, fermé sur moi-même, peu enclin aux confidences.

Angéla Küber fut une bouleversante énigme, un météore dans ma vie. Les quelques mois que nous avons partagés, l’année de mes trente ans, ont suffi à m’irradier en profondeur. C’était il y a pas mal de temps, vingt ans.

En mai dernier, si elle est encore de ce monde, elle a eu cinquante ans, comme moi. Ça me fait un drôle d’effet de l’imaginer en femme mure. Quand je pense à elle et à ce que nous avons partagé, je m’interroge sur sa vie et je me demande si elle a beaucoup changé. Je ne sais pas si elle pense encore à moi, parfois. C’est si loin. Mais je ne pense pas avoir marqué sa vie comme elle a ébranlé la mienne. Je me plais pourtant à supposer que, parcimonieusement, elle fait resurgir, du gouffre obscur du passé, mon image brouillée par le temps.

Certains soirs, je l’imagine vivant dans cette ville où elle m’avait dit qu’un jour elle irait rejoindre son frère, Houston, au Texas. Au bout du monde. Mais était-ce vrai, avait-elle vraiment eu un frère exilé en Amérique ? Si elle s’y est rendue, peut-être a-t-elle quitté les États-Unis, depuis, peut-être est-elle quelque part en Europe, en France, même. C’est une possibilité. Après tout, sa mère était française. Elle m’avait dit qu’elle vivait à Paris, qu’elle tenait une librairie, rue Lepic. Mais je n’ai jamais retrouvé ce magasin.

Je ne sais pas si Angéla Küber vit encore. Elle a disparu sans laisser de traces un jour de décembre 1987. Elle s’est volatilisée.

Extrait de "D'où vient Angela Küber" - Editions Ravet-Anceau

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jeudi 12 novembre 2009

De l'autre côté

Écrire un livre, c’est façonner avec de l’encre un miroir magique et chercher ce qu’il y a derrière, de l’autre côté.
Dans les livres, il y a souvent quelqu’un qui ressemble à celui qui les écrit, son image inversée, déformée. Et un monde. Celui qui évolue derrière le tain du miroir. Ce monde-là peut ressembler à tous les mondes. Il suffit de déplacer le miroir pour changer le décor et le cours du temps.
Ce n’est que cela, finalement, écrire. Déplacer un miroir et décrire ce qu’on y voit. Bien sûr, cela n’est jamais réel. Ça ressemble à la réalité mais on sait qu’il n’en est rien. Il faudrait être fou pour croire cela.
Et parfois, Adrien est fou. Fou au point de croire que Matilda est là, déjà, près de lui, qu’elle n’est pas loin. Et qu’il y a entre eux quelque chose qui le dépasse. Qui les dépasse.
" C’est impossible, ce que vous écrivez dans vos livres. " C’est cela qu’il entend parfois. Effectivement, ce qu’Adrien écrit dans ses livres est impossible, ne se peut pas. Mais n’est-ce pas le propre des livres de raconter des histoires impossibles ?


Extrait de "Rue des Poètes, un de me romans non publiés

mardi 10 novembre 2009

Colum mc Cann - La vie du monde ne tient qu’à un fil

Un câble d’acier comme fil conducteur d’une histoire… Il fallait y penser. Il fallait surtout être capable d’en faire un roman. Colum Mc Cann, auteur New-yorkais d’origine irlandaise, a osé l’écrire. Au fil des pages, on plonge au creux de plusieurs histoires qui se côtoient et ne tiennent qu’à un fil, celui du funambule français Philippe Petit, qui, en août 1974, a marché et dansé entre les Twin Towers, à Manhattan : un prêtre irlandais écartelé entre Dieu et son amour pour une jeune femme, des mères de soldats morts au Vietnam, d’horizons socioculturels tellement différents qu’elles peinent à partager leur douleur, un couple d’artistes peintres qui rame vers sa déchéance après avoir connu un succès éphémère, un adolescent qui, au péril de sa vie, photographie les tags dans les souterrains du métro, des informaticiens californiens qui trifouillent les lignes téléphoniques pour écouter la rumeur du monde et suivre en direct l’exploit du man on wire, une putain New-yorkaise emprisonnée et désespérée d’avoir perdu sa fille… Un étrange ballet, rythmé par celui du funambule, allégorie d’un monde en équilibre, prêt à s’effondrer mais qui sans cesse se relève. Un roman remarquable, à lire absolument.

Et que le vaste monde poursuive sa course folle - Colum McCann – éditions Belfond