mardi 8 novembre 2011

La fileuse d'ombre, de Dirck Degraeve

Pur plaisir que ce roman. Un livre écrit, c'est-à-dire ciselé, aux antipodes de tant de romans bâclés et rédigés comme l'on parle. L'histoire que déroule ici Dirck Degraeve se situe hors du temps. Faite de lumière et d'ombre, de la poussière de souvenirs qui en viennent à noircir le présent, elle est peuplée de nostalgie et de rêves mutilés. Après trente ans d'absence, une femme revient dans sa ville. Elle rend visite, chaque jour, lorsque la nuit tombe, à Thomas, dans sa librairie. Elle raconte à son amour d'adolescence les épisodes de cette large parenthèse et entreprend de tisser, rencontre après rencontre, une toile où se mêlent réel et illusion. Une toile sombre, digne d'une "fileuse d'ombre". L'histoire se déroule comme un polar, tant son auteur nous promène du présent au passé, de la vérité au mensonge. Mais ce roman est tout autre chose : il entend décrire le désir de domination d'un être sur un autre. Il entend évoquer les clapotis parfois glauques qui peuvent sourdre au fond de toute âme humaine.

Éditions Le Riffle, 280 pages, 15 €