Eloges

Éloge d’Yves Simon. À la manière dont Yves Simon a fait l’éloge de JMG Le Clézio.

Yves Simon m’apparut aux alentours de mes 16 ans… Sous la forme singulière d’un disque vinyle à la pochette blanc et rouge où l’on pouvait lire une histoire de " christs buvant des bières pression ", une compilation où l’on pouvait entendre " Attention futur, les habitudes ont la vie dure… ". Un genre de Rimbaud musicien, auteur, compositeur, chanteur, écrivain et de surcroît vivant et jeune venait de surgir dans ma vie pour ne plus en sortir : 30 ans plus tard, il fait toujours partie de mes décors, avec ses chansons qui accompagnent mes joies et mes peines et ses livres qui peuplent mes étagères. Les mots qu’ils renferment m’ont souvent aidé à supporter les combats quotidiens, les épreuves intimes qui polissent la surface des heures. "La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas", a écrit Fernando Pessoa. Yves Simon est de ceux dont l’existence et l’œuvre apportent un surcroît de vie à la vie.

Modèle artistique et humain, il a, j’en suis persuadé, influencé considérablement la trajectoire de ma vie. C’est bien lui qui, sans le savoir, m’a donné l’envie et l’audace d’écrire des romans. Des romans que je lui ai confiés et qu’il m’a fait l’intense plaisir d’accepter de lire et d’apprécier tout en les critiquant utilement. Longtemps, j’ai rêvé d’une improbable amitié. J’allais l’écouter parler lorsque d’aventure il passait à Lille pour dire quelques mots, devant un auditoire de lecteurs, au sujet de la dernière de ses publications. Quelques années plus tard, après avoir osé lui livrer pour la première fois un de mes textes, nous avons commencé à nous écrire. Et désormais, nous communiquons régulièrement par la voie néoépistolaire des emails. Nous nous rencontrons, aussi, à Paris ou dans le Nord. Certains moments, dans nos vies, sont ainsi empreints de magie. Des moments qui nous accompagnent longtemps, comme les plus beaux de nos souvenirs. Parfaits, ils semblent se dérouler dans une brume où tout, même nos rêves les plus irréalistes, devient possible et tangible. Et je suis ému et étonné de chacun de nos échanges.

De JMG Le Clézio, Yves a écrit : " Il sera celui sur lequel j’aurai pu décalquer une ambition, celle d’écrire à vingt-quatre ans mon premier roman… " Pour le paraphraser, j’écris ceci : " Yves Simon est celui sur lequel je décalque une ambition, celle d’être un jour en mesure d’écrire aussi bien que lui. C’est-à-dire de façon aussi authentique et émouvante. " Alors, comme lui, je m’applique avec jubilation à écrire chaque jour, pour m’entraîner à transmuer l’obscurité en lumière, par l’alchimie des mots.