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22 février : j'ai acheté hier après-midi, au Furet du Nord de Lille, le dernier roman d'Yves Simon, "La compagnie des femmes". J'étais allé voir à tout hasard. J'ai été étonné de le trouver en rayons avant la date annoncée de parution (23 février). J'en parlerai dès que je l'aurai lu. Je suis impatient de commencer.
10 mars : Je viens de terminer le livre... Lire mon avis
Présentation de l’éditeur (éditions Stock)
Certains écrivains, au gré de leurs publications, nous donnent volontiers de leurs nouvelles à travers chacun de leur livre ; ils n’hésitent pas à raconter, à montrer le monde, l’époque, pour tenter de mieux les comprendre, mais avant tout de se comprendre eux-mêmes. Depuis son premier livre, Les Jours en couleurs, paru voilà quarante ans, Yves Simon n’aura cessé de poursuivre sa propre trace, il nous a dit sa jeunesse, ses illusions perdues, ses chagrins, ses amours, mais jamais n’avait-il consacré jusqu’à ce jour un roman tout entier empreint, comme son titre l’indique, de la compagnie des femmes.
S’il se présente autant comme une autobiographie déguisée qu’un carnet de route, le nouveau roman d’Yves Simon vaut surtout pour l’histoire d’amour très singulière qui l’anime, le porte et le transcende. « Léonie était jeune et moi qui vieillissais », écrit le narrateur avant de reprendre le chemin de quelques-unes des femmes qui le hantent, aussi bien sa mère que les rencontres les plus éphémères. Mais la beauté de cet amour décisif éprouvé pour Léonie emporte dans le même élan lecteur et narrateur. On se prend alors à rêver d’être le passager clandestin de ce voyage, un road novel, dont seul l’écrivain connaît la destination finale.
Les premières lignes
Léonie était jeune et moi qui vieillissais.
Je pensai qu'il me faudrait au moins mille pages pour décrire son visage. Un millier de pages pour sculpter les contours et reliefs d'une figure de femme, avec le seul usage des mots, les lettres d'un alphabet, une grammaire et des adjectifs pimpants. Décrire avec une minutie raffinée ses lèvres ourlées, un nez joyeusement épaté, des yeux noirs effilés pareils à des corps d'abeilles. Mais encore le pigment d'une peau métissée, sa couleur exacte - ambre tendance pain au lait -, les minuscules grains de beauté disposés au pic de ses joues. Après ce travail titanesque, une image à peu près correcte parviendrait-elle à se visualiser dans l'imaginaire d'un quelconque lecteur ?
Très vite je fus convaincu que les mots seraient inopérants pour évoquer ce qui simplement nous émeut par la vue, par une photographie, ce petit ovale de réalité qu'est un visage. Je n'en éprouvai ni amertume ni rage, ma déception suffisait. Moi qui avais écrit bon nombre de romans, j'en arrivais à ce constat d'impuissance que je ne pourrais décrire à la perfection la souveraine élégance de Léonie. Ni surtout la rendre séduisante et attachante à des lecteurs lambda qui n'auraient jamais eu dans leur entourage une personne aussi émouvante qu'elle à observer. Sans doute qu'il me suffirait d'asséner que Léonie était belle et gracieuse et chacun accolerait à ces deux adjectifs un visage beau et gracieux de son choix. L'affaire serait entendue. On le sait, les attractions pour un visage sont question d'imagination, chacun a son histoire, ses souvenirs, son entendement du beau comme du gracieux et alors défilent, comme lors d'un portrait-robot, toutes sortes de bouches, de nez, un menton, des mimiques, l'abîme d'un regard, des franges sur le front, pour élaborer secrètement le visage beau et gracieux d'une personne jamais rencontrée.
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Mots clefs : #Yves Simon, #La compagnie des femmes, #Editions Stock
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