Une Bibliothèque de nuages
"Décembre. Il fait froid et sec. J'entends les morts qui se rapprochent de nous, j'entends les os des feuilles mortes craquer sous leurs pieds de lumière. L'hiver fait le travail des grands maîtres : il simplifie."
"Décembre. Il fait froid et sec. J'entends les morts qui se rapprochent de nous, j'entends les os des feuilles mortes craquer sous leurs pieds de lumière. L'hiver fait le travail des grands maîtres : il simplifie."
Christian Bobin délivre, dans une bibliothèque de nuages, ses méditations sur le temps, le rêve et l’absence. La traversée éthérée d’un automne, d’un hiver et d’un printemps. Les cinéastes mettent en scène, les peintres mettent en couleurs, les écrivains mettent en mots. Christian Bobin fait plus que cela : il met en lumière. Il décèle, dans les interstices sombres ou anodins du monde, la moindre lueur capable de nous éclairer d’un dernier espoir. Ses mots sont polis, c’est-à-dire décrassés de l’encre sombre dont ils semblent pourtant constitués. Ils sont luisants, aussi, comme si une fine pellicule d’eau les recouvrait, les rendant plus limpides encore à notre compréhension : "Chaque fois que je m'éloigne d'une page fraîchement écrite, je découvre à mon retour ce qui a fané sur les rameaux de papier, recroquevillé d'inutile. Le temps qui passe est un ami précieux qui nous dépouille du superflu."
Une Bibliothèque de nuages – Christian Bobin – Éditions Lettres vives
La Dame blanche
Décrire une âme, la dessiner par les mots, la faire surgir, blanche et éblouissante dans l’encre sombre sur le papier… Écrivain ermite et magicien du verbe, Christian Bobin brosse, avec le pinceau touchant et imagé qu’il a su façonner au fil de ses nombreuses années d’écriture, le portrait d’Émily Dickinson, poétesse américaine du 19e siècle. Un livre curieux à mi-chemin entre biographie et roman, rédigé dans un style aérien et lumineux pour retracer en touches légères l’existence d’une recluse qu’on aurait pu imaginer obscure. Obscure, il n’en et rien : on s’aperçoit que la dame blanche d’Amherst a passé sa vie à dévisager les anges, loin du bruit du monde, avec pour seul écart au silence la musique de son piano dont elle effleurait les touches. Lorsqu’elle est décédée en 1886, à l’âge de 56 ans, Émily, la gardienne des vies évanouies, n’avait plus vu un visage inconnu depuis 25 ans. Mais elle a laissé dans ses tiroirs sa profonde empreinte d’amour du monde et des êtres qui le peuplent, deux mille poèmes d’une inouïe beauté : " l'âme doit toujours être entrebaîllée ", écrivait-elle.
La Dame blanche – Christian Bobin – Éditions Gallimard
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