J’ai lu lentement. Très lentement. J'ai mâché chaque mot. Je ne voulais pas gâcher. Je ne voulais pas quitter le livre. Très peu de livres sont comme ça, à contenir des univers et des gens qu’on ne peut se résoudre à abandonner, à contenir autant de nourriture. Certains livres de Christian Bobin possèdent cette magie-là. Maintenant, il y a ce livre de Claudie Gallay.
J’ai fermé le livre, quelques instants après en avoir lu les derniers mots. Il fallait bien. Je me suis senti très seul, d’un coup, désorienté dans le vrai monde d’ici, ce monde réel d’où la poésie semble de plus en plus s’absenter pour laisser place au règne du nécessaire. J’ai posé ma main sur la couverture, j’ai fermé les yeux, quelques secondes. Peut-être pour m’approprier le monde dans le livre. Pour y rester encore un peu. Et puis je l’ai ouvert à nouveau, vers les premières pages. A la deuxième, très exactement. Autour du titre, l’écriture de Claudie Gallay, sa signature. Quelques mots d’elle, datés du 15 mars 2009, qu’elle avait glissés pour moi sur le papier, au Salon du livre de Paris.
« Les déferlantes » viennent de se déverser dans ma vie. Des déferlantes lentes, des gouttes précieuses qui perleront longtemps dans ma mémoire. Je sais déjà qu’un jour je m’y baignerai encore. Forcément. Je sais déjà qu’un jour je retournerai dans le livre pour revoir Nan, Théo, Lili, Lambert, Morgane, Raphaël, Max… Le petit peuple de la Hague. J’irai dormir à La Griffue, si près des vagues…
Les déferlantes, de Claudie Gallay - Éditions du Rouergue, collection La Brune
Je partage l'enthousiasme de Bruno pour "Les Déferlantes". Dans le même genre, je vous conseille le dernier livre d'Olivier Adam "Des vents contraires". Pas gai, gai, gai, mais bouleversant.
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